Le manque à gagner dû au coronavirus devrait atteindre cette année environ 2 milliards d'euros pour les sociétés autoroutières, a estimé mardi Arnaud Quemard, directeur général du groupe Sanef et président de l'Association des sociétés françaises d'autoroutes (Asfa).
"L'impact pour le groupe Sanef, c'est environ 400 millions d'euros", à comparer à un chiffre d'affaires de 1,8 milliard l'an dernier, a indiqué M. Quemard devant la commission d'enquête du Sénat sur les concessions autoroutières.
"Si on fait (un calcul) homothétique vis-à-vis du secteur, c'est de l'ordre de 2 milliards de chiffre d'affaires qui ne se réalisera pas au niveau du secteur sur l'année 2020", a-t-il ajouté.
Les 18 sociétés d'autoroutes avaient réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de 10,4 milliards d'euros, selon les derniers chiffres de l'Autorité de régulation des transports (ART).
S'ajoute pour la crise actuelle "le risque de surcoût des travaux, qu'on ne sait encore chiffrer", a noté M. Quemard.
"Ca fait partie aussi du risque du concessionnaire", a noté le responsable, rappelant que le trafic poids lourds avait mis dix ans à se remettre de la crise financière de 2008.
A la fin mai, le trafic des véhicules légers sur les autoroutes Sanef (de Paris vers le Nord, l'Est et la Normandie) était en recul de 36,5% sur les cinq premiers mois de l'année, a-t-il observé.
"Je suis extrêmement surpris par la lenteur de la reprise du trafic", a remarqué M. Quemard, avec par exemple un trafic de 16% inférieur à la normale le week-end dernier, alors qu'on aurait pu penser que les Français profiteraient du déconfinement.
"Le télétravail s'installe et a l'air de s'installer durablement", le trafic domicile-travail restant à 60% de la moyenne. "Nos prévisions c'est peut-être qu'on arrivera à 90% en fin d'année", a-t-il dit, tenant toutefois à rester prudent.
"Les étrangers ne vont probablement pas revenir massivement en France cet été pour les vacances", mais on devrait voir "un peu plus de Français sur les routes", a-t-il dit.
"On prévoit encore -5% l'an prochain de trafic par rapport à 2019", a ajouté M. Quemard, rappelant que le trafic poids lourds suivait de son côté les courbes de l'économie.
"Est-ce qu'en 2022 on retrouvera les trafics de 2019? Peut-être", a-t-il conclu.
Paris, 23 juin 2020 (AFP) - © 2020 AFP